ANR2025 AlcoMyc : un projet innovant pour comprendre l’effet cocktail entre alcool et mycotoxines sur le foie et l’intestin

La consommation d’alcool est responsable de près de 3 millions de décès chaque année dans le monde, en grande partie par ses effets délétères sur l’axe intestin-foie. En perturbant la barrière intestinale et en favorisant l’inflammation, l’alcool est impliqué dans le développement de maladies graves telles que la stéato-hépatite alcoolique et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Il constitue également un facteur de risque majeur pour certains cancers digestifs, notamment ceux du foie et du côlon.

À ces effets bien connus s’ajoute une nouvelle préoccupation : les contaminants alimentaires, en particulier les mycotoxines. Produites par des champignons présents dans les cultures, ces substances toucheraient environ 70 % des récoltes européennes. Leur impact sur la santé humaine est documenté — cancers, troubles immunitaires, inflammation — mais leur interaction avec l’alcool reste jusqu’à présent largement inexplorée.

Le projet AlcoMyc, récemment labellisé par le réseau NACRe (Nutrition, Alimentation et Cancer) en février 2025, entend combler cette lacune. Il repose sur une hypothèse forte : certaines mycotoxines présentes dans notre alimentation pourraient aggraver les effets de l’alcool, notamment au niveau hépatique et intestinal. Des résultats préliminaires montrent déjà que le déoxynivalénol — une mycotoxine à laquelle 80 % de la population mondiale est exposée — renforce la toxicité de l’éthanol dans les cellules hépatiques, suggérant un effet synergique préoccupant.

Le projet AlcoMyc s’appuie sur la complémentarité de trois partenaires experts dans leurs domaines :

    INSERM UMR1247, spécialiste de l’addiction à l’alcool et des maladies hépatiques liées à l’alcool,

    INRAE Toxalim à Toulouse, expert de la toxicité des mycotoxines depuis plus de 20 ans,

    Centre international de recherche sur le cancer – OMS/IARC, reconnu pour ses analyses épidémiologiques à grande échelle via la cohorte EPIC.

 

Le projet s’étendra sur quatre ans et se compose de quatre tâches majeures :

-       Évaluer la capacité de différentes mycotoxines à exacerber la toxicité de l’alcool sur des cellules hépatiques et intestinales.

-        Identifier les mécanismes cellulaires et moléculaires sous-jacents à la co-exposition alcool–mycotoxines.

-       Valider ces effets sur des modèles animaux pour comprendre les conséquences à long terme sur l’inflammation et la carcinogenèse.

-       Réaliser une analyse épidémiologique au sein de la cohorte EPIC pour étudier les liens entre co-exposition et risque de cancer ou de maladies inflammatoires.

En explorant pour la première fois l'effet combiné de l’alcool et des mycotoxines, AlcoMyc pourrait permettre d’affiner les recommandations alimentaires pour les populations à risque et mieux prévenir certaines pathologies inflammatoires et cancéreuses liées à l’exposome alimentaire.